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Pangolin, grand justicier

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Avez-vous vu le film Brazil ?

Ce film culte dans lequel une mouche tombe sur l’imprimante du Service de Renseignements d’un état bureaucratique et totalitaire. La lettre T du nom d’une personne recherchée se trouve remplacée par la lettre B, et voilà cette société où tout est organisé et optimisé au millimètre qui part dans un chaos total.

Un pangolin se retrouvant dans l’assiette d’une personne à Wuhan, met en confinement la moitié de l’humanité, fait des centaines de milliers de morts, et met l’économie mondiale par terre. Cette économie où tout était optimisé, géré, anticipé, régulé… s’est trouvée presque anéantie. Brazil devient une réalité.

Je repense à l’annonce du Président Macron le 17 Mars, aux premiers jours de confinement où je réalise à quel point ce virus est meurtrier. Tout le monde est touché, de deux jours de fièvre jusqu’à l’hospitalisation et l’assistance respiratoire. Et on s’enfonce plus bas tous les jours, plus de morts, confinement plus long qu’annoncé, et le pire reste toujours possible. C’est peut-être ça la troisième guerre mondiale ? Un seul ennemi invisible contre l’humanité entière.

Puis on s’adapte. On relativise. On comprend qu’on va y laisser des plumes, chacun à son niveau, mais ça reste dérisoire quand il s’agit de survivre.

Le matin : On se jette sur la radio pour écouter les nouvelles. Chaque journée ressemble à la précédente avec les chiffres des morts, le nombre de masques commandés et qui sont en route, les tests en cours de mise au point… Puis vient le temps du Jogging, muni de son autorisation de sortie. On y croise des promeneurs et des joggeurs, et on se dit bonjour. Avec le sourire. Comme si on était des frères d’armes, on se respecte, on se doit bienveillance. Et quel bonheur de courir dans des rues sans circulation.

La journée se déroule avec son lot de conférences téléphoniques interminables, et devant son écran à traiter la pluie d’e-mails. Et on apprend à apprécier les petits plaisirs, la pause café, le rayon de soleil…

Vingt heures est le moment où on se met à la fenêtre et on applaudit. Moment de recueillement. Les premiers jours j’avais les yeux qui mouillaient à chaque fois que je pensais aux soignants. Quelle générosité, quel dévouement ! jusqu’à périr. Sauver ou périr, la devise des pompiers. Elle est tellement d’actualité quand on entend parler des médecins et des infirmières qui perdent la vie.

Lire, regarder des séries, écrire de petites bafouilles. Les journées passent très vite. Nous voilà en fin de sixième semaine de confinement.

Les doutes traversent l’esprit : Va-t-on se retrouver ? Célébrer, fêter, danser, chanter, boire et manger avec les gens qu’on aime ? Finalement ce confinement est une perspective du temps d’après : Une idée de ce que sera notre vieillesse, comment nos enfants pourront vivre de plus en plus loin, pour vivre ensuite sans nous.

Il y a aussi des signaux envoyés sur la période d’après : des primes au personnel soignant, des sportifs prestigieux moins rémunérés faute de recettes pour leur clubs, des actionnairessans dividende, de grands patrons qui renoncent à leur rémunération…. C’est le pangolin qui fait son grand justicier.

Peu  importe  nos  croyances,  scientifiques,  mystiques  ou  religieuses,  elles  se  sont  toutes  regroupées. Darwin, Dame Nature, ou le Bon Dieu nous disent : Cette fois c’est Same Player Shoots Again. La prochaine fois, ce sera Game Over.

On va s’en sortir, elle est belle la vie.

Elias Abou Mansour

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