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La laïcité, un idéal commun, applicable aux élus

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Récemment, nous avons pu observer que des élus de notre commune n’ont pas respecté le principe de neutralité dans le cadre de leur fonction d’élu.

Nous tenons à rappeler ici que les élus n’ont pas à être les portes paroles de telle ou telle religion mais se doivent de représenter tous les administrés qu’ils se revendiquent d’un culte ou d’une spiritualité ou au contraire qu’ils n’en aient aucune.

C’est la raison pour laquelle la laïcité, aux côtés des principes fondateurs que sont la liberté, l’égalité et la fraternité, fait partie des piliers de notre République.

Cette distinction est le fruit de l’histoire.

En effet, la laïcité n’est pas apparue avec la loi du 9 décembre 1905. Bien avant, des lois laïques ont existé par exemple l’institution du mariage civil en 1792, les lois scolaires de la IIIème République ou encore la loi du 14 novembre 1881 qui retire le caractère confessionnel du cimetière, la loi du 15 novembre 1887 qui permet de choisir le caractère civil ou religieux des funérailles, l’abolition du blasphème par la loi du 29 juillet 1881, la loi de 1901 sur les associations qui contraint les entités religieuses à se déclarer.

Certains la font même remonter plus loin via l’évangile de saint Luc. Selon une interprétation de cet extrait de l’évangile, reproduit ci-après, la distinction des pouvoirs politiques et théologiques ne ferait aucun doute : « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu ! ».

La laïcité n’est pas non plus l’apanage de la France même si ce mot est par exemple impossible à traduire en Anglais (ce qui explique parfois quelques incompréhensions pour notre modèle notamment aux Etats-Unis). Elle a été ainsi évoquée dans différentes civilisations. Chez les grecs anciens (Épicure dans Lettre à Ménécée, Marc-Aurèle dans Pensées pour moi-même) ou encore chez Averroès, célèbre philosophe musulman, considéré par certains comme un des pères de la laïcité au travers de son Discours décisif.

Une abondante littérature et de nombreuses définitions ont été données à la laïcité, plus ou moins orientée, plus ou moins extrême, plus ou moins utile à notre bien-vivre ensemble.

Au-delà de donner aujourd’hui ce que nous considérons être ou non la définition de la laïcité, nous pensons que pour pouvoir bien vivre tous ensemble, et ce quelque soit nos convictions religieuses, il y a lieu de distinguer nos comportements selon quatre espaces à savoir :

  • L’espace privé où chacun exprime sa conviction religieuse avec la plus grande liberté  ;
  • L’espace administratif (y compris la mairie et par extension une élection) dans lequel les employés/élus/candidats doivent conserver une stricte observance du principe de neutralité alors que les usagers peuvent ne pas observer ce principe de neutralité dès lors qu’il n’y a pas de perturbations au service public. En ce qui concerne l’école, la laïcité est appliquée plus strictement afin d’éviter tout prosélytisme. Si les parents veulent que leurs enfants suivent des cours de religion, l’inscription à des écoles religieuses leur est ouverte ;
  • L’espace social (entreprises et associations privées) dans lequel le règlement de cette entité prévaut. Si l’on ne veut pas être astreint à certaines règles alors on n’en devient pas salarié ou membre ;
  •  L’espace partagé (la rue, le parc, le marché etc) : les personnes peuvent exposer leur appartenance à une religion dès lors que les rassemblements respectent la loi en vigueur y compris pour les associations et que l’habillement ne cache pas le visage. En cette période de Noël, il y a lieu de rappeler, avant toute polémique inutile, que le sapin de Noël n’est pas l’apanage d’une religion en particulier, n’a aucune fonction de prosélytisme et dès lors a toute sa place dans l’espace partagé.

En ce qui concerne les élus, nous pensons que ceux-ci ne peuvent pas montrer une préférence, ou faire preuve d’une attitude discriminatoire selon l’appartenance convictionnelle de leurs administrés.

Ainsi comme John Locke l’expliquait, il est nécessaire de distinguer « ce qui regarde le gouvernement civil de ce qui appartient à la religion ».

Dès lors, il y a lieu d’observer une stricte neutralité dans nos fonctions d’élus et notamment lorsque nous nous saisissons des questions liées au religieux.

Cela ne signifie pas que le politique doit se détourner du fait religieux (notamment en ce qui concerne l’entretien des lieux de culte) mais qu’il doit s’en saisir sans que ses propres convictions ou son envie de séduire un électorat en particulier ne vienne compromettre son action pour la res publica, la chose publique, le bien commun.

Nous rappelons qu’il ne s’agit pas d’empêcher un élu de pratiquer son culte ou de se cacher mais simplement que la pratique de celui-ci ne doit pas empiéter sur l’espace administratif. Ainsi, un élu qui porterait son écharpe tricolore lors d’une célébration religieuse contreviendrait au respect de la laïcité.

Nous espérons que les écarts de certains élus à ce sujet ne se reproduiront pas et que les valeurs de notre République reprendront le dessus sur leurs convictions personnelles dans l’espace administratif.

Léa-Iris Poggi et Gilles Mergy

3 Commentaires

  1. Marteau

    06/01/2021 à 9 h 01 min

    Merci pour votre article précis et instructif.
    Vous écrivez que « … des élus de notre commune n’ont pas respecté le principe de neutralité dans le cadre de leur fonction d’élu. »
    Puisqu’il s’agit d’élus et que c’est dans le cadre de leurs fonctions, pourrait-on savoir dans quel contexte et de qui il s’agit?
    Quels qu’ils soient, et encore une fois puisqu’il s’agit d’élus et que c’est dans le cadre de leurs fonctions, le Maire ne devrait-il pas leur adresser un rappel à l’ordre officiel ?
    Merci de vos réponses.
    Daniel Marteau

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  2. Gilles MERGY

    06/01/2021 à 9 h 12 min

    Bonjour,
    Je pense notamment à deux exemples récents
    – prise de parole de M. Constant au conseil municipal au cours de laquelle il a plus donné l’impression de s’exprimer comme un ancien membre du conseil d’administration de l’école privée St Vincent de Paul que comme un élu de la République
    – tribune de Mme Lescuyer sur le blog de la majorité municipale accusant Mme Brobecker et les élus de l’opposition de « laïcité orientée » simplement parce que Mme Brobecker avait défendu au nom de tous les élus de l’opposition l’équité de traitement entre l’école privée et l’école publique.
    Gilles Mergy

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  3. Léa-Iris POGGI

    10/01/2021 à 21 h 15 min

    Bonjour, également les mentions sur les affiches des élections. Pour certains candidats, il était indiqué leur fonction dans le cadre d’un culte. Ces mentions n’avaient qu’un but séduire un électorat. Ces mentions étaient clairement une atteinte au principe de laïcité et n’avaient aucune justification à être mentionnées de la sorte. Léa-Iris Poggi

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