Accueil Finances Débat d’orientations budgétaires 2023 : intervention de Gilles Mergy

Débat d’orientations budgétaires 2023 : intervention de Gilles Mergy

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Monsieur le Maire, Chers collègues

Je voudrais en premier lieu saluer l’engagement et le professionnalisme des agents municipaux aussi bien ceux en charge de missions opérationnelles au service de la population que ceux en charge de fonctions support (finances ou RH). 

Je me réjouis aussi de l’arrivée d’une ou d’un nouveau Directeur des ressources humaines même si les élus de la majorité ont refusé de nous donner son nom en commission. Il s’agit sûrement d’une information SECRET DEFENSE.

Je voudrai aussi saluer la qualité formelle du Rapport d’orientations budgétaires dans la lignée de celui de l’an dernier.

En 2021, nous avions vivement critiqué le rapport qui ne comportaient que 6 pages correspondant aux attentes exprimés par le législateur au moment du vote de la loi NOTRE,

Nous l’avions dit en séance et nous avions saisi le Préfet au titre du contrôle de légalité. Les services de la Préfecture nous avaient alors indiqué qu’un rappel avait été fait à la ville de FAR pour demander qu’à l’avenir soient mieux respectés l’esprit et la lettre des demandes du législateur.

Je constate que vous en tenez compte depuis et je tiens à le souligner.

Je ne vais pas commenter tous vos chiffres car nous ne sommes pas en train d’examiner le projet de budget 2023 mais analyser la gouvernance de la commune et ses conséquences financières.

Toutefois, comme vous aimez faire des comparaisons avec les équipes précédentes sans jamais les étayer avec des chiffres, je voudrai juste comparer la situation de notre commune en 2013 et celle de notre commune 10 ans après.

Pour 2013, ce sont les chiffres du compte administratif dont vous aviez assuré la consolidation après votre élection en mars 2014. Pour 2022/2023, ce sont les chiffres de ce document.

En 2013, la dette de la commune était de 23,1 M€, la capacité d’autofinancement brute de 3,6 M€ et le montant des investissements de 8,4 M€ dont environ 2,2 M€ d’investissements dits récurrents

En 2023, la dette est de 31 M€, la CAF brute est de 2,2 M€ et le montant des investissements est de 8,5 M€ dont 2,5 M€ sur les investissements récurrents.

En 10 ans, vous avez réussi à peine à augmenter l’investissement en euros courants +1,2% tout en dégradant la CAF de 63% et tout en augmentant la dette de 34%.

J’aurai envie de dire tout ça pour ça. Je demande vraiment aux élus de ce conseil mais aussi à tous les Fontenaisiens de garder ces chiffres en tête quand ils vous écouteront une fois encore déblatérer sur vos prédécesseurs.

Bien entendu, le principal fait marquant de ce débat c’est la hausse considérable des impôts : + 30% sur la taxe foncière payée par tous les propriétaires même les plus modestes.

Depuis votre élection, vous avez augmenté le taux de la taxe foncière de 50%. Pour quelqu’un qui promettait de ne pas augmenter les impôts, c’est un exploit hors du commun.

Pour essayer de comprendre pourquoi vous ne tenez pas vos promesses,  j’ai lu avec attention votre rapport qui multiplie les focus du style « si la ville n’avait pas subi la hausse des taux, si la ville n’avait pas vu le coût de ses marchés s’envoler, si les prix de l’énergie n’avaient pas augmenté, si ceci ci cela… ». En gros, le message subliminal est le suivant : si tout s’était passé conformément à vos souhaits, la ville ne serait pas dans une situation financière désastreuse ni contrainte d’augmenter les impôts de 30%. En tant que supporter du PSG, je me dis la même chose après chaque défaite en Ligue des Champions comme hier soir. Mais d’un maire et d’une majorité, on attend plus de sens de ses responsabilités.

Évidemment, on aimerait vivre dans un monde idéal, dans le monde de Oui Oui ou pour reprendre la formule de la tribune des élus de votre majorité vivre à Fontenayland où rien ne change, ou tout va bien et où tout se passe conformément aux prévisions.

Mais le monde dans lequel nous vivons n’est pas celui-là.

Le monde dans lequel nous vivons est beaucoup mieux résumé dans l’acronyme d’origine américaine et militaire qui est apparu à la fin de la guerre froide. Il est connu sous sa traduction anglaise : VUCA.

La traduction française de l’acronyme est la suivante Volatilité, Incertitude, Complexité et Ambigüité.

La Volatilité parce que les situations peuvent évoluer de manière imprévisible et rapide. La lecture de la situation doit se faire de manière dynamique et les décisions notamment dans la sphère publique doivent être en permanence réajustées et réévaluées. Il faut sécuriser ce qu’il est possible de faire notamment en matière de financement et de recherche de subventions. Ce que vous ne faites pas vu la chute drastiques des subventions obtenues par notre ville.

L’Incertitude est le propre des situations que l’on ne peut pas prédire. Mais ce que l’on sait c’est que les prix peuvent évoluer de manière considérable, que les normes peuvent être modifiées, que l’environnement peut changer du tout au tout et en permanence. Il est important de disposer d’indicateurs et de données clés sur son environnement et sur son action afin de mesurer comment elle contribue à faire diminuer la pauvreté, l’échec scolaire ou à accroitre la pratique sportive et culturelle.

La Complexité se rapporte au nombre croissant d’interactions entre les acteurs publics et privés et l’évolution rapide des situations. Il faut être capable d’identifier les signaux faibles comme les tendances lourdes. Il faut solliciter des experts dans les différentes politiques publiques, les écouter et non les mépriser comme vous l’avez fait avec M. Van Oosteren sur les politiques de mobilité.

L’Ambiguïté désigne la difficulté de distinguer sans risquer de se tromper des situations et des relations de cause à effet. Il ne faut pas hésiter à adopter une approche expérimentale, la revendiquer en tant que telle et reconnaître que parfois cela ne marche pas. Mais comme pour vous, les seules erreurs sont celles de votre prédécesseur ou celles de l’opposition mais jamais les vôtres, ce n’est pas évident de le reconnaître.

Le monde dans lequel on vit n’est plus le monde des années 50 mais votre gestion de la ville reste ancrée dans un passé idéalisé ou on attend que le train passe et où les évolutions se font à la vitesse du train vapeur.

Dans le monde VUCA dans lequel nous vivons, les projets, les priorités et les stratégies doivent s’adapter en permanence et on ne peut plus gérer une collectivité de manière pépère en attendant des subventions, l’effet des hausses massive d’impôts ou les dotations de l’Etat. Les subventions, il faut aller les chercher avec les dents. Avant d’augmenter les impôts, il faut rechercher des économies également avec les dents et ne pas se lancer dans des projets coûteux à l’utilité sociale discutable. Est-il par exemple urgent de créer une ferme refuge au Parc Ste Barbe pour accueillir des rats ou des renards mais qui va coûter 250 000 euros chaque année alors qu’en même temps on augmente massivement les impôts des Fontenaisiens propriétaires y compris les plus modestes ?

Dans le monde VUCA dans lequel on vit, on doit apprendre à danser sous la pluie et non pas à s’abriter sous un parapluie à la moindre averse en se contentant de répéter que si cela va mal, c’est la faute du maire précédent qui n’est plus en fonction depuis 10 ans, de l’Etat, de l’Europe, de la Russie, ou de l’opposition.

Au lieu de nous présenter un pré budget 2023 en testant les réactions de l’opposition et de la population, ce débat d’orientations budgétaires aurait dû permettre d’aborder toutes ces questions, de les trancher et de mettre en œuvre une véritable stratégie financière pour notre commune. C’est dommage et c’est encore une occasion ratée pour améliorer la gestion de notre ville au bénéfice de l’ensemble de nos concitoyens.

Gilles Mergy

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