Accueil Relations avec le territoire, le département, la région et l'Etat Les Régions : un nain financier, un géant politique ?

Les Régions : un nain financier, un géant politique ?

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Avec un budget total de 33 milliards d’euros environ, les Régions ne représentent que 14% de la dépense publique locale. A titre de comparaison, le budget du Land du Bade-Wurtemberg en Allemagne est supérieur à celui de la totalité des Régions françaises.

Leur émergence comme collectivité locale de plein exercice est récente (1982) et la première élection au suffrage universel ne date que de 1986.

Pendant longtemps, dans un pays jacobin comme le nôtre, les gouvernements de droite comme de gauche se sont en effet méfiés des Régions, les considérant comme des « concurrents » potentiels du pouvoir central.

Progressivement, les Régions se sont toutefois vu confier de nouvelles compétences, soit parce que le champ d’action régional apparaissait le plus approprié (parcs naturels régionaux, développement rural et urbain, aides aux entreprises), soit parce que l’État voulait se débarrasser d’une compétence qu’il n’était plus en capacité de financer (Lycées, transports ferroviaires régionaux…).

Mais les différents exécutifs régionaux, quelle que soit leur couleur politique, ont démontré au fil du temps que les compétences assurées par les Régions étaient mieux exercées que lorsque l’État s’en occupait. Il suffit de voir comment les lycées, notamment franciliens, ont été rénovés (sans parler des centaines de lycées qui ont été construits), comment les transports en Île-de-France ou en régions ont été modernisés, comment la formation professionnelle a permis à des centaines de milliers de  chômeurs de retrouver un emploi, comment les formations sanitaires et sociales ont été enfin rendues accessibles à tous, comment l‘apprentissage (voie privilégiée d’accès à l’emploi pour les jeunes) a été développé jusqu’à ce que l’Etat décide de le recentraliser en 2018, comment les PME et PMI ont été soutenues que ce soit en matière d’innovation ou dans leur stratégie d’internationalisation, comment les fonds européens gérés partiellement par les Régions depuis le précédent quinquennat (FEDER, une partie du FSE et le FEADER à savoir le deuxième pilier de la Politique agricole commune) ont pu assurer le développement des territoires, le soutien aux plus fragiles et la modernisations des exploitations agricoles, comment les différentes formes artistiques ont pu être soutenues au travers de la création des Fonds régionaux d’art contemporain, comment le sport notamment de haut niveau a pu bénéficier d’un soutien accru avec le transfert des CREPS (centre de ressources d’expertise et de performance sportives).

Sous le quinquennat précédent, les différentes lois de décentralisation ont permis de clarifier les compétences entre l’Etat et les collectivités locales en renforçant le rôle des Régions en matière de développement économique et d’aménagement du territoire notamment. La création de grandes régions via le regroupement, en province, de deux ou trois régions, qui ne s’est pas accompagnée d’un renforcement des leviers d’action financiers, a été en revanche une erreur. La “renaissance” de l’Alsace au travers de la création d’une collectivité sui generis “la collectivité européenne d’Alsace” (avec des compétences correspondant à celle d’un département de droit commun) au travers de la fusion des départements du Haut Rhin et du Bas Rhin en témoigne.

Depuis 2017, le gouvernement actuel a renoué avec une forme de méfiance vis-à-vis des collectivités locales et notamment des Régions comme en témoigne la recentralisation de la compétence apprentissage. Depuis que F. Mitterrand et G. Deferre ont lancé en 1982 le processus de la décentralisation, c’est la première fois que l’Etat recentralise une compétence d’une collectivité locale. Toutefois, sur les politiques de l’emploi (hors indemnisation des chômeurs qui restent une compétence de l’Etat et des partenaires sociaux) ou sur l’orientation des élèves (au sens général du terme à savoir la connaissance des métiers et des filières), des avancées sous forme expérimentales essentiellement ont été engagées au profit des Régions et au service de l’intérêt général. Elles devront être menées à leur terme.

Les Régions sont la collectivité dont la part du budget consacré à l’investissement et à la préparation de l’avenir est la plus importante (plus de 30%). Leur renforcement est donc un enjeu majeur pour la modernisation de notre pays.

Les élections régionales de juin prochain ne sont donc pas le marche pied de l’élection présidentielle de 2022 ; elles devront conforter le fait régional en permettant l’élection à leur tête d’élus convaincus par l’utilité de l’action publique décentralisée.

En Ile-de-France, même si je considère objectivement que Mme Pécresse n’a pas démérité, elle n’a pas su articuler tous les leviers à sa disposition pour favoriser un développement plus équitable de la Région Ile-de-France, pour éviter le saupoudrage en matière de mobilité (elle assure aussi la présidence d’Ile-de-France Mobilités), pour mobiliser les crédits européens au service de ses habitants ou pour donner à tous les lycéens des conditions de travail répondant à leurs besoins. J’appelle de mes voeux une alternance citoyenne, écologiste et de gauche incarnée pour le moment par Mme Pulvar d’une part et M. Bayou d’autre part.

Gilles Mergy

 

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