28 mai 1871. Triste anniversaire dans l’histoire de France. La Semaine sanglante, du 21 au 28 mai 1871, clôture la Commune de Paris. La féroce répression des vainqueurs va laisser des souvenirs particulièrement clivants, offrant de plus aux révolutionnaires du XXème siècle un mythe vivace. Mais la Commune de Paris fut également le théâtre d’expression des libertés locales non seulement revendiquées mais mises à l’essai durant quelques semaines. Il en résultera une opposition farouche aux libertés locales de nombre d’acteurs de la Troisième République naissante.
Fraternité(s). Le contexte est celui de la défaite de 1870 à Sedan, puis de la proclamation de la République, dans un Paris assiégé par les Prussiens. Les Parisiens n’acceptent pas l’humiliation et se sont levés en masse contre l’envahisseur. Après un hiver terrible marqué par la famine, le Gouvernement se retire à Versailles, en mars 1871. La Garde Nationale organise dès lors des élections et un conseil de la Commune de Paris est créé.
Libertés (locales). Dans une déclaration, en date du 19 avril 1871, la Commune revendique l’extension des libertés « à toutes les localités de la France ». Les droits revendiqués sont « le vote du budget communal (…) la fixation et la répartition de l’impôt, la direction des services locaux, l’administration des biens appartenant à la Commune… le choix (…) par le concours des magistrats et fonctionnaires (…) l’exercice du droit de réunion (…) l’organisation de la défense urbaine et de la Garde nationale ». Aujourd’hui, en y regardant de près, non seulement rien ne choque mais… ces revendications ont été satisfaites par lois successives de 1884 à 1982 !
Egalité (dans la répression). Le bilan de la Semaine sanglante est de plus 20000 victimes et 38000 arrestations. Les tribunaux prononceront jusqu’en 1877 un total de 50000 jugements, avec des condamnations à mort et près de 10000 déportations, essentiellement en Algérie et en Nouvelle Calédonie, pour un temps de condamnation largement supérieur à quatre ans (TC4). L’amnistie, avec le pardon et l’oubli, ne viendra qu’en 1879-1880.
Jean-Luc Boeuf
Ancien DG de région, département et commune