Même s’il y a déjà eu un article sur le sujet, il me parait important de revenir sur le projet de création de la Zone d’Aménagement Concertée du quartier des Paradis
Une étude d’impact est à la fois une procédure administrative et une étude technique préalable à la réalisation d’un projet important. Elles sont gérées par le code de l’Environnement, suivent un cadre réglementaire bien défini, et sont évaluées par l’Autorité environnementale (MRAe – Mission Régionale d’Autorité environnementale).
Juridiquement tout semble conforme (dont 7 ateliers publics/réunions de concertation depuis 2017), mais pour que l’étude d’impact soit un vrai outil d’information démocratique et ainsi permettre aux Fontenaisiens (non-initiés) de s’exprimer, elle manque quelquefois de cohérence et aussi de contenu.
Il nous faut jongler avec les données et les chiffres dans les documents mis à disposition sur le site Internet de la ville. On y parle tantôt de 849 logements à démolir/reconstruire et de 625 logements privés à construire (ou environ 600), puis de 833 et lorsque l’on additionne les chiffres de construction et de relogement dans « le phasage minutieux établi » on trouve un total de 1495 logements/constructions et 818 relogements…
La surface totale du projet est indiquée dans plusieurs pages, mais on ne trouve nulle part la surface d’espaces verts en l’état actuel et après la construction des logements, l’ajout d’environ 600 logements apportant une densification importante. Trois scénarios sont proposés dans lesquels on trouve les thématiques développement durable classiques « création de venelles d’eau », « végétalisations de toitures », « grande place réservée aux espaces verts », « conservation d’une grande partie des arbres existants »…
Les chiffres présentés dans la partie 3 « milieu humain » sont ceux du parc social fontenaisien et n’indique rien du pourcentage de type de logements sur le quartier (PLS, PLUS ou PLAI). La charte partenariale de relogement indiquant que la programmation se basera principalement sur le conventionnement PLUS avec une introduction du conventionnement PLS et PLAI « dans des proportions égales compatibles avec l’équilibre financier du projet et avec les besoins du territoire à savoir 50% de PLUS, 25% de PLS et 25% de PLAI ». Il serait intéressant qu’il soit écrit dans l’état actuel le pourcentage de ces différents types de logements, ce qui permettrait un suivi rigoureux des relogements. Il faut que toutes les familles souhaitant être relogée dans le quartier, quel que soit leur type de logement, puissent rester !
Par ailleurs, la remarque de la MARe « Il est regrettable qu’aucune étude chiffrée du consentement des populations à être relogées sur place ou ailleurs ni de la proportion des personnes fragiles ou insolvables ne soit fournie. » n’a pas apporté de réponse dans le mémoire en réponse à l’avis rendu par l’Autorité Environnementale.
Les trois scénarios sont présentés deux fois à l’identique dans cette étude d’impact, 3 pages de « copier/coller » sans rien de plus. Aucun chiffrage de ce projet qui doit s’étendre sur 16 années, même pas de la phase 1 qui commence prochainement.
Etonnant ! d’une part parce qu’un des scénarios proposait une réhabilitation d’une partie des bâtiments et le maitre d’ouvrage a estimé que ce n’était pas supportable.
Et d’autre part, parce qu’une phrase indique que la Ville et Hauts-de-Seine Habitat sont parvenus à ajuster ce projet sans répercussion sur le montant des loyers grâce à la construction de logements privés « En dépit de l’absence de prise en compte du quartier au sein du dispositif Politique de la Ville, tout l’enjeu pour la Ville et Hauts-de-Seine Habitat a été de parvenir à un montage opérationnel qui permette de financer un projet qualitatif sans répercuter le coût d’investissement sur les loyers des habitants. La construction d’environ 625 logements privés sur le quartier qui se trouve être particulièrement bien desservi par le RER devra ainsi permettre de financer le réaménagement du quartier »… Donc quelque part il y a une enveloppe budgétaire !
Le projet est sur 16 ans et le phasage des travaux de démolition/reconstruction des logements est défini assez précisément. L’étude d’impact précise que les équipements publics/espaces sociaux soient détruits et préalablement reconstruits avant démolition afin que la population continue à y avoir accès. Dans la phase 1, il est spécifié la reconstruction de la crèche des Paradis. Les autres équipements ne sont intégrés dans aucune des phases. Il est pourtant très important que ces équipements comme par exemple l’épicerie solidaire (GAFIB) conjointe à 4 municipalités ne s’interrompe pas pendant les travaux.
L’étude d’impact montre un grand projet d’envergure pour les Blagis qui devra être poursuivi quelle que soit l’issue des élections de 2020. L’amiante a été le « leitmotiv » pour faire peur aux habitants et demander la démolition de cette cité ; le mot « amiante » est mentionné quatre fois dans toute cette étude et dans aucun des chapitres n’est spécifié « une opération de désamiantage » et le traitement de ces déchets (il est simplement écrit ce que prévoit la loi dans le cas d’évacuation des déchets dangereux). Avait-on besoin d’utiliser la peur pour rénover cette cité vieillissante et pour apporter une meilleure qualité de vie aux habitants ?
La charte de relogement est une charte classique dans le cadre d’un renouvellement urbain. Il n’y a pas d’assurance totale de relogement de tous, on y rappelle des éléments réglementaires législatifs, toutes les familles doivent rester aux mêmes conditions financières sauf cas particuliers… par exemple leslocataires/familles/occupants « sans droit, ni titre », bail résilié à la suite d’impayés de loyer…
Ce projet pourrait être exemplaire s’il est réellement reconstruit 833 (ou 849) logements sociaux, si les loyers de ces logements correspondent bien à la population présente aujourd’hui et en apportant un plus de démocratie : ouvrir la commission de relogement à d’autres partenaires que ceux spécifiés dans la charte (par exemple présence d’élu-e-s de l’opposition, de représentant-e-s des locataires, d’associations …etc.) et concertation régulière et fixée avec les habitants et les associations représentées dans le quartier, réunion publique d’avancement.
Sylvie Lours