Surveiller et punir

Haro sur les fonctionnaires. Foucault est de retour. Euh, mais lequel ? Tout d’abord, Jean-Pierre ! Ben oui, dans la nouvelle émission « qui veut gagner des millions (de fonctionnaires) ? » Mais aussi Léon, avec son pendule. Mais oui, vous savez, ce dispositif expérimental conçu pour mettre en évidence la poussée (des syndicats) par rapport à un référentiel jupitérien en train d’être aspiré par le trou noir (des sondages) à cause de la force (jaune) de Coriolis. Sans oublier Michel Foucault, le philosophe. Allez, un arrêt sur le programme de philo s’impose, avec la présentation du projet de loi sur la fonction publique ce mercredi en conseil des ministres.

L’archéologie du savoir. Combien sont-ils ? « Ils », ce sont les fonctionnaires. Trop nombreux pour les uns, mal répartis pour les autres. Et en plus avec trois fonctions publiques : Premièrement, celle de l’Etat, la vraie sinon la seule pour les puristes qui exerce les fonctions régaliennes. Traduisez : on n’y touche pas. Deuxièmement, l’hospitalière. La santé c’est sacré. Et vous voulez taper sur les médecins, les infirmières et les aides-soignantes ? Troisièmement, la territoriale. Traduction, le lumpen prolétariat qui gaspille l’argent public et dont le nombre n’arrête pas d’augmenter. Eh ben voilà, c’est eux qui sont trop nombreux ! Crucifiez-les ! Allez ouste, plans de départ, licenciements et suppressions de postes. La territoriale, c’est la cible. Euh mais cé ki ki va réparer les routes, nettoyer les ordures, aider les professeurs des écoles, et délivrer les prestations ? Ben, ceux de la territoriale.

Histoire de la folie (du nombre de fonctionnaires) à l’âge classique. On vous explique : l’âge classique c’est avant 2017. Le gouvernement défend aujourd’hui son texte comme une nécessité pour rendre la fonction publique « plus attractive et plus réactive » face aux « nouvelles attentes » des citoyens, dans un objectif de suppression de 120.000 postes d’ici 2022. Défense de rire devant ce monument de langue de bois que n’auraient pas renié les rédacteurs de la planification soviétique. Mais quid des conclusions du Grand débat, où les Français (il paraît) aspirent à « plus de services publics de proximité » ? Bon, on vous a demandé votre avis ?

De l’usage déplaisir. Le texte est rejeté unanimement par les syndicat. Rien que de très normal jusqu’ici. Le point fort est un recours accru aux contractuels. Bon, en mélangeant un peu tous les chiffres, le gouvernement pourra bomber le torse en expliquant que des centaines de milliers d’agents ne seront plus fonctionnaires. Pas faux ! Mais il faudra juste ne pas oublier qu’un contractuel reste toujours un agent public… En outre, cela ne fera pas économiser un euro… En attendant, reste le marronnier de la durée hebdomadaire du travail dans la fonction publique. Coincé entre la saint-Valentin et les œufs de Pâques, avant le (meilleur) régime pour enfiler le maillot et le classement des maternelles pour préparer la réussite des gilets, euh pardon des têtes, jaunes le sujet devrait gonfler la musette des hebdomadaires à grand tirage, eux-mêmes déconnectés de toute profitabilité, naturellement…

 

Jean-Luc Boeuf

ancien DG de commune, de département et de région

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