Suite à l’article de Gilles Mergy dans Osez Fontenay du 30/11 sur le projet de géothermie à Fontenay-aux-Roses, Bourg la Reine et Sceaux, de nombreux commentaires traduisent des préoccupations légitimes et contradictoires.
A mon tour, je souhaite apporter ici quelques éclairages et préoccupations.
-Si les habitants de Sceaux et peut-être ceux de Bourg-la-Reine ont eu droit à une information complète sur le sujet, comme à l’habitude à Fontenay, rien.
Ce qui n’est pas très étonnant car depuis son élection en 2014, M. Vastel, ne pratique que très peu l’information préalable à ses administrés. Et aujourd’hui, il voudrait imposer ce projet sans information précise. Sans information ni concertation beaucoup de Fontenaisiens sont plus que réservés.
-Ceux qui comme moi émettent un doute sur ce projet ne veulent-ils pas réduire fortement notre consommation en CO2 ?
Si nous convenons aisément que certains projets de géothermie réduiront les émissions de CO2 ce n’est pas et ne sera pas le cas de tous les projets. En particulier quand les sites ne sont pas géographiquement bien placés. Ce qui serait le cas du site de Fontenay au Panorama s’il arrivait à terme car la ville est positionnée bien trop à l’ouest de la région parisienne. Les cartes de températures de sortie d’eau sur le bassin Parisien sont très claires sur ce point.
Nous pouvons déjà noter que celui de Bagneux, en exercice depuis 6 ou 7 ans, et alors qu’il est positionné plus à l’est que Fontenay n’a dans son mix énergétique que 40,8% dûs à la géothermie et près de 60% en électricité et gaz (info du site lui-même).
Le site de Fontenay sera donc encore moins performant. N’atteindre dans le mix que seulement 40% de géothermie ne peut pas être considéré comme une réduction considérable des émissions de CO2.
-Ceux qui comme moi émettent un doute sur ce projet, sont-ils opposés à l’avancement de la géothermie ?
Bien sûr que non. Mais la meilleure façon de faire avancer la géothermie c’est de « faire bien » en amont d’un projet et de ne pas prendre de décisions avant que tous les éléments structurants soient parfaitement connus et montrent clairement la bonne voie. Ce qui est loin d’être le cas ici ( niveau de la géothermie dans le mix énergétique, pérennité des solutions, coût utilisateur, subventions, obtention d’une TVA réduite, etc…)
-Certains pensent que « CE » projet est absolument nécessaire pour la transition écologique des villes concernées .
Je crois ne pas être le seul à penser que ce qui est absolument nécessaire pour la transition écologique de nos villes ce n’est pas « CE » projet. C’est baisser drastiquement les émissions de CO2 dans nos 3 villes par une réflexion globale en jouant sur tous les facteurs possibles. Ce projet, en l’état, ne garantit pas cet objectif avec la conséquence d’un résultat médiocre.
Mais si d’aucun , comme certaines personnes à Sceaux ou à Bourg-la-Reine, pensent que « CE » projet de géothermie profonde est « LA » solution, alors pourquoi alors ne pas envisager ce projet dans les 2 autres villes concernées, à Sceaux ou Bourg la Reine, qui sont des villes plus à l’Est que Fontenay-aux-Roses ? Comme le montre tous les plans de température du sous-sol, cela améliorerait nettement le résultat. Pour preuve celui de Cachan, plus à l’Est, montre un bien meilleur résultat avec 70 % de géothermie dans le mix énergétique.
Si à 70% on peut considérer le résultat comme positif, ce n’est pas le cas à 40%.
Et la presque centaine de million à investir globalement (70 M€ pour le projet plus le prix des 20 kms de rues à refaire pour 1 M€ du km , un montant d’argent public équivalent à l’investissement de toute une mandature (6 ans) pour des villes comme les nôtres), doit nous faire réfléchir sur la pertinence de ce projet avant de l’engager.
Pourquoi ne pas envisager d’autres solutions géothermiques que la géothermie profonde? Elles existent, bien moins lourdes à mettre en oeuvre et bien moins onéreuses, elles permettent un résultat écologique très intéressant.
-Il semble qu’à Sceaux, une vaste majorité de Scéens soutient ce projet.
Peut-être, mais y aurait-il une même majorité de Scéens si ce projet était positionné dans le parc de Sceaux ou dans le parc de la Grenouillère ?
Le Conseil municipal de Sceaux pourrait faire effectuer un sondage dans ce cadre, ce qui ferait peut-être mieux percevoir les réticences des Fontenaisiens qui seront privés du seul vrai stade de sport de la ville. Car c’est quand même peut-être plus facile d’être favorable à une implantation lourde quand elle est faite chez les autres.
-D’aucuns sont étonnés que l’on puisse émettre des doutes sur ce projet.
Il est parfaitement compréhensible que l’on se pose des questions devant un projet si important, tant en terme de lourdeur des travaux qu’en montant d’investissement. Et cela pour un résultat médiocre écologiquement et sans visibilité sur le coût final pour l’utilisateur. Comment décider de la valeur d’un projet sans en connaître les conséquences économiques pour le client final, ce qui est le cas ici ?
L’écologie ne peut pas être financièrement punitive pour des habitants qui n’ont pas les moyens de subir des hausses de charges, si tel était le cas, ce qui n’est pas à exclure.
Les soutiens inconditionnels de ce projet qui ne se posent plus de questions sur sa pertinence s’engagent-ils à compenser financièrement les plus défavorisés des habitants si les charges de chauffage venaient à augmenter suite à la mise en place de ce projet ?
D’ailleurs, pourquoi à la veille de prendre une décision, les conditions économiques ne sont pas clairement affichées ? Cela contribue fortement à la méfiance de ceux qui doutent.
Des questions de fond restent aujourd’hui patentes. Par exemple et sans exclusive :
-Avons nous analysé toutes les solutions technologiques alternatives ? Les a-t-on classées
-Avons nous étudié le meilleur site entre les 3 villes concernées ? Quels résultats techniques et économiques ?
-Sommes nous sûrs d’arriver à un niveau de géothermie dans le mix suffisant pour pouvoir bénéficier d’une TVA à taux réduit ?
-Qui le garantit ?
-Sommes nous sûrs que l’Ademe et MGP prendront en charge une partie de l’investissement ?
-N’y a -t-il pas des clauses de résultat à l’attribution des subventions?
-La situation budgétaire actuelle difficile de notre pays ne risque-t-elle pas de remettre en cause à court terme les subventions proposées ?
-Quel soutient aux habitants fourniront les municipalités si le coût du chauffage augmente, au moins pour les moins aisés ?
A ce stade les questions sont bien trop nombreuses et bien trop importantes pour décider de la validité de ce projet.
Je n’ai à titre personnel aucun doute sur la contribution de la géothermie à la réduction des émissions de CO2. Mais pas pour n’importe quel projet et pas à n’importe quelles conditions.
Daniel Marteau