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Non, l’urbanisme ne peut pas se réduire à une opération comptable !

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Je viens de lire avec effarement l’article de M. Durand sur le blog Les Nouvelles de Fontenay. Il y explique, en substance, que Fontenay-aux-Roses hébergeant peu d’activités économiques significatives, et avec la suppression de la taxe d’habitation, la seule façon d’augmenter les recettes fiscales de la ville est d’augmenter le nombre de logements privés, donc la base de calcul de la taxe foncière…

Et de calculer que la construction de 2000 nouveaux logements pourrait augmenter les recettes fiscales de 2,6 millions d’euros pour une augmentation des dépenses de seulement 0,6 million d’euros, soit un solde positif de 2 millions d’euros.

En termes d’urbanisme du 21ème siècle, ce raisonnement est tout à fait désolant ! Il signifie qu’on envisage d’augmenter la population de la ville, sans augmenter les emplois dans la ville, donc d’encore accroitre les flux biquotidiens entre lieux de vie et lieux de travail, alors que les moyens de transport sont déjà saturés… (Je ne réouvrirai pas ici le débat sur le vélo.)

  • Dans les nouvelles constructions, on n’envisage souvent que la création de commerces qui n’ont pourtant qu’un potentiel de croissance limité (M. Durand le reconnaît lui-même), comme le montre la difficulté à trouver de nouveaux commerçants place de la Cavée ;
  • A l’heure où le télétravail se développe considérablement, pourquoi n’envisage t’on pas des bureaux partagés dans les nouveaux immeubles ? Vu le nombre de fontenaisiens logés dans des logements sociaux anciens (dixit M. Durand), il doit y en avoir beaucoup qui n’ont pas de bonnes conditions pour télétravailler dans leur appartement ;
  • J’ai des projets de rénovation de mon pavillon, mais il est très difficile de trouver des artisans (maçons, plâtriers, plombiers, électriciens…) et ceux qui sont intéressés viennent de loin… Alors, dans les projets immobiliers, pourquoi ne pas imposer la mise à disposition d’ateliers d’artisans, et développer les services d’aides permettant aux jeunes de s’installer ?
  • Enfin, je note qu’une partie des projets immobiliers de la ville pourrait se développer au détriment de zones d’emplois. Je pense notamment au LCIE et à la RATP sur le plateau du Panorama. Une perte potentielle de recettes que M. Durand a oublié de chiffrer…

Il faudrait également se demander pourquoi Fontenay attire de nouveaux habitants. Nous n’avons pas la chance d’avoir un parc de Sceaux, un bois de Clamart ou une forêt de Verrières. Mais nous avons des petites rues qui serpentent entre vieux pavillons, jardins privatifs et petits immeubles. Nous avons un centre-ville qui, si l’on oublie le mail Boucicaut, pourrait ressembler à celui d’un village.

Si mon épouse et moi avons choisi d’installer notre famille à Fontenay, il y a près de 20 ans, c’est en partie cela qui a fait la différence par rapport à d’autres propositions à Clamart, à Châtillon ou à Malakoff. Pour les économistes, cela s’appelle un avantage concurrentiel. Quel bénéfice y aurait-il à y renoncer pour ressembler davantage à Clamart, Chatenay-Malabry ou le Plessis-Robinson ?

Non, M. Durand, l’urbanisme de la ville ne peut pas être uniquement guidé par des considérations comptables. D’ailleurs je vous pose la question : à quoi serviraient ces deux millions d’euros de plus que vous voyez dans l’escarcelle de la commune ?

  • À développer de nouveaux services pour les locataires de logements sociaux que vous souhaitez voir partir ?
  • À financer de nouvelles opérations de prestige en centre-ville au détriment des autres quartiers ?
  • À permettre un désendettement de la ville, qui n’a cessé d’augmenter depuis que vos amis sont aux affaires ?

Michel Giraud

NB : je dois remercier un de mes amis, il se reconnaîtra, qui m’a suggéré lors d’une réunion associative, quelques idées reprises dans cet article.

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