La fin du confinement

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Hier a marqué la fin du confinement.

Une étude de Henrik Salje et collaborateurs (consultable en anglais sur le site suivant : https://hal-pasteur.archives-ouvertes.fr/pasteur-02548181/document et résumée sur le site suivant :  https://www.pasteur.fr/fr/espace-presse/documents-presse/covid-19-modelisation-indique-que-pres-6-francais-ont-ete-infectes) est parue récemment, rédigée par des chercheurs de l’institut Pasteur, de l’INSERM, de Johns Hopkins à Baltimore aux États-Unis, de l’Université de Cambridge au Royaume-Uni, de Santé Publique France…

Même si les données sur le COVID sont encore évidemment très incomplètes, cette étude est solide et doit être prise au sérieux. Elle montre les éléments suivants :

–        à ce jour, on estime qu’environ 6 % des Français ont été infectés par le virus (intervalle de confiance entre 3,5 % et 10,3 %);

–        Le taux de reproduction (appelé « R0 ») de l’infection est passé de 3,3 avant confinement à 0,5 sous confinement.

Qu’est-ce que le taux de reproduction ? C’est simplement le nombre moyen de personnes qu’un individu malade va contaminer. Une vidéo (en anglais) explique très bien la progression et ce taux de reproduction (https://youtu.be/gSqIwXl6IjQ).

En l’absence de précautions particulières, un individu atteint du COVID-19 a donc contaminé en France 3,3 autres personnes. La valeur de ce taux est critique : dès lors qu’il atteint ou dépasse la valeur de 1, l’épidémie progresse. Sous confinement, les mesures drastiques ont permis de le ramener à 0,5 et l’épidémie s’est donc fortement ralentie.

Lorsqu’une partie de la population s’immunise (soit par vaccination, soit parce qu’elle a été infectée), les individus sont moins susceptibles d’être contaminés. Par exemple, si 70 % de la population est immunisée, 30 % seulement est susceptible d’être contaminée. Dans ce cas, un malade, au lieu de contaminer 3,3 autres personnes, va contaminer 3,3 x 30 % c’est-à-dire 1 autre personne. On atteindra alors la valeur critique de 1. Ceci signifie que lorsque 70 % de la population sera immunisée, l’épidémie s’arrêtera spontanément. Encore une fois, il y a deux manières de s’immuniser :

–        soit en guérissant après une infection (et on espère fortement que l’infection COVID-19 confère bien une immunité durable , ce qui n’est pas encore certain)

–        soit par un vaccin

Le vaccin n’arrivera pas tout de suite. Il doit être mis au point, soigneusement testé (on ne va pas injecter un vaccin à toute la population mondiale sans quelques précautions…) et produit en masse. Personne ne connaît encore le délai mais il est peu vraisemblable d’en disposer avant encore un an.

Aucun traitement curatif n’est miraculeux. De nombreuses études sont en cours mais si un traitement avait une efficacité majeure, on le saurait probablement déjà.

Reste donc l’immunisation par la maladie ? L’étude de Salje montre environ 6 % d’individus atteints sur le territoire français. Il faudrait donc plus que décupler cette valeur pour atteindre spontanément l’immunité collective de 70 %. Décupler les cas d’infection signifie aussi décupler le nombre de morts (on en déplore actuellement plus de 25 000…) et même davantage si les capacités de réanimation devaient être débordées (on n’est pas passé bien loin lors de la première vague). Il faut aussi prendre en compte la mortalité indirecte (patients atteints d’autres maladies qui ne se sont pas faits soigner, maltraitance qui semble très accentuée par le confinement…) Le tribut a été très lourd.

Tout ceci signifie que s’il est possible de relâcher légèrement les mesures de protection, il faut rester extrêmement prudent. Quand je vois dans la rue le nombre de gens qui commencent à se réunir sans masque, je suis très inquiet et une seconde vague risque de survenir. Le déconfinement risque d’entraîner un fort sentiment de libération où tout deviendrait permis.

On peut noter qu’à Hong-Kong, malgré la très grande densité de population, l’épidémie a très peu progressé (https://www.lemonde.fr/international/article/2020/05/07/a-hongkong-la-prise-en-charge-au-plus-tot-des-malades-a-permis-d-eviter-la-crise-sanitaire_6038905_3210.html), probablement parce que l’expérience de la grippe aviaire les a bien préparés et que le port de masque y est pris très au sérieux.

Il faut donc prendre toutes les mesures pour contenir le taux de reproduction du COVID-19 en-dessous de 1. On peut tolérer un peu plus de souplesse que pendant le confinement strict (taux à 0,5) mais ne surtout pas baisser la garde. Rappelez-vous : sous confinement 0,5 ; spontanément : 3,3 et on vise une valeur de moins de 1… ! Donc :

–        mettre des masques à l’extérieur

–        limiter les contacts

–        coopérer avec les autorités sanitaires pour la mise en quarantaine des cas-contacts des sujets infectés

Encore une fois, tant que nous ne serons pas vaccinés en masse, nous ne pourrons pas vivre normalement et il faudra rester très prudents. Prenez-soin de vous, de vos proches et de tous les autres !

Emmanuel Durand

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