Pourquoi la communication locale a-t-elle une place à part ?
Souvent sous-estimées, les politiques publiques sont en réalité centrales dans le fonctionnement des sociétés contemporaines.
Ainsi, en France, 75 % de l’investissement public est réalisé dans le cadre de politiques publiques locales.
Ainsi, communiquer sur ce sujet c’est exposer sa vision politique de l’utilisation des ressources de la Cité, mais pas seulement !
La place grandissante de la politique locale met en perspective les responsabilités grandissantes des élus en charge de la socialisation de la commune. Dans cet espace privilégié de proximité avec ses concitoyens, une équipe d’élus pourra transmettre et faire partager les valeurs et les objectifs qu’elle souhaite insuffler à la collectivité.
La communication politique locale veillera à accélérer la diffusion des informations et favorisera l’exercice de la démocratie locale en permettant l’émergence des opinions et des lieux de débats. D’autre part, elle aura pour objectif de faire comprendre le sens des actions entreprises par la collectivité. Enfin, elle sera à la base de la vie de la Cité puisqu’aucune vie politique n’a lieu sans échange, sans communication. On peut dire que la communication politique locale est le premier acte politique à proprement parler, un acte fort puisqu’il concerne le premier échelon avec les concitoyens.
Ainsi, le Maire a une place privilégiée pour animer la vie de la Cité au sein de sa commune mais aussi, de par ses fonctions, il servira de relais à la Région, voire au plus haut de l’État.
Rappelons que ces dernières décennies, les politiques locales ont beaucoup évolué sous l’influence de plusieurs facteurs.Tout d’abord, elles ont été impactées par la décentralisation, dont l’objet consiste à transférer des compétences administratives de l’État vers des entités (ou des collectivités) locales distinctes de lui.
Ces réformes ont modifié ou renforcé les ressources juridiques, budgétaires et politiques qui encadrent et animent les politiques publiques territoriales. D’où l’importance d’une formation solide en économie puisque le Maire encadre la gestion des communes de plus en plus complexe tant pour les actions développées que pour la rigueur budgétaire. Une autre grande notion qui a impacté les politiques locales est la dynamique d’européanisation de l’action publique.
En effet, « l’intégration communautaire participe de plus en plus à un « changement de focale » du politique avec l’émergence de différents acteurs locaux (régions, villes, associations, etc.) au détriment des instances nationales (administrations, partis politiques, etc.) ainsi qu’à des mutations dans les modes de régulation sociale, économique et politique autour d’une logique de marché ». (Pasquier, Romain, et Julien Weisbein)
De fait, l’intégration Européenne explique la multiplicité des cadres institutionnels que gèrent les politiques locales. Aussi, il est incontournable d’intégrer l’intérêt général de nouveaux acteurs que sont les générations futures dans la construction de nos communes.
Comprenons, la communication politique locale doit permettre au Maire et son équipe d’affirmer leur vision en prenant en compte l’avenir de la Cité. Cela passe bien évidement par la qualité de vie qu’ils souhaitent co-construire, dans le respect des valeurs humaines et écologiques. De plus, il serait bien avisé d’aborder en parallèle une contribution des technologies de l’information et de la communication, à la dimension participative d’une politique publique.
Ainsi, « Penser global, agir local » fait désormais figure de principe pour définir l’action d’une équipe municipale moderne. (cf.Thèse par Paul Déprez Soutenue le 25-09-2014 à Toulon).
De ce fait, la communication de cette équipe, en participant à la vie du service public, doit mettre en valeur l’action du personnel politique exécutif. Son rôle est primordial pour la vie de la Cité, pour chacun des concitoyens, elle est essentielle à l’échange constructif entre l’élu et les habitants de la commune.
À ce propos, Anne Leyval-Granger s’exprime très clairement sur le sujet d’une dénomination commune entre communication publique et communication politique, qualifiant très justement la fonction : « Communiquer, c’est mettre en commun : dans cette optique, on peut alors considérer que les mots « publique » et « politique » sont consubstantiels, puisque concevoir la Cité comme unité politique n’est possible que par l’usage de la parole et de son pouvoir de pacification de la relation sociale entre le gouvernant et le gouverné. »
La question de la qualité de la communication entre le Maire et ses administrés est donc centrale, elle est au cœur de la vie de la Cité. Ainsi, Anne Leyval-Granger complète ses propos : « L’essor de la communication politique locale vise donc à (… combler) le fossé qui tend à se creuser entre élus et électeurs :mise en œuvre par la commune, le département et la région, elle serait donc un remède aux maux de l’espace public local. L’émergence de la communication politique peut également s’expliquer en termes de réponse à une demande des usagers… ».
D’où par ailleurs l’importance d’un Maire qui a l’expérience des institutions précitées et saura communiquer avec elles pour mieux servir ses administrés.
Cependant, il ne s’agit pas de faire de la communication locale une communication uniquement de politiste, elle doit avant tout être publique. En effet, la vision politique de la Cité de la part du Maire et de son équipe est l’ADN du mandat pour lequel ils ont été choisis par leurs concitoyens.
Mais il n’y a pas que cela, l’échange qu’ils ont avec leurs administrés doit être une communication à visée publique avant tout. L’essentiel étant de satisfaire le maximum de la population vivant sur le territoire, qu’elle soit en accord ou non avec les idées politiques du Maire en place.
On peut aller plus loin et dire qu’une communication locale doit avant tout être un acte démocratique fort. En ce sens, la communication politique en général, en informant et en échangeant sur la vie de la Cité, doit désamorcer les conflits et la violence. Preuve en est, au regard de l’actualité, sa légitimité et son importance. Elle est le premier maillon qui permet à l’élu d’être en cohésion avec ses administrés, et ce lien doit être maintenu en tout temps et surtout aux moments de crise.
Enfin, on le comprend, cette communication –ce partage intelligent, cet échange entre la population et les acteurs politiques– doit être quotidiennement entretenue pour ne jamais laisser le fossé se creuser entre un maire et ses administrés.
La communication politique locale est donc tout à fait primordiale à la vie démocratique.
Mélanie BOISSEAUX – Doctorante en science politique (thèse sur la communication politique)
