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Concours d’écriture « Racontez-nous votre confinement » La pause du ciel

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Petite, j’avais l’habitude de regarder le ciel. Ce vaste néant rempli de mystères. Si enivrant… je me perdais dans ce bleu cristal qui virait par un battement de cils au gris. Ce ciel imprévisible sous lequel nous résidons tous. Cet abri qui nous relie par nos regards perdus.

Dans le reflet des étoiles, je suis liée à une personne qui les regarde aussi. Par ces étoiles je suis connectée à ces inconnus qui me sont familiers. A travers les lumières, je les devine et dans le noir, couleur soir, je me perds.

Ce ciel, aujourd’hui, je le regarde du haut de ma fenêtre. Il est gris mais certaines ouvertures me laissent profiter du ciel ombragé. C’est sous ce ciel que je suis confinée. C’est un mot bien trop négatif à mon goût. C’est pour cela que je l’envisagerais plus comme une pause qu’un confinement.

Regardez la beauté de la nature ! Tout semble s’être arrêté, même le temps semble s’être étiré. Cette pause semble mettre un terme à une période où nous semblions oublier que nous n’étions pas maitres de cette Terre mais simplement ses protégés. Comme un engrenage humain, les rouages se sont arrêtés laissant ses ouvriers en liberté. Nous sommes nés sur cette Terre sans vraiment apprendre à la connaître mais à la dompter. Mais pourquoi vouloir maîtriser quand on peut simplement apprendre et évoluer avec ?

Cette pause nous fait prendre du recul sur nous, notre environnement et nos certitudes. Perdus dans notre quotidien nous avons oublié de voir ce qui comptait réellement. Croire au destin ce n’est pas comme croire en une divinité. Ce destin est comme une aide qui nous suit tout au long de notre vie. Pareil à un ange gardien, il nous met en situation face à des personnes et des obstacles selon notre caractère et selon nos peurs. Ce destin nous aide à prendre du recul sur nous et à nous connaitre plus en profondeur en nous révélant de nouvelles facettes de nous. Aujourd’hui ce destin nous touche tous ensemble. Nous avons tous un même défi, celui de réfléchir à notre futur afin de ne plus faire semblant de prendre soin de notre Terre. Ce défi nous réveille et nous unis. Je veux croire que ce laps de temps nous apprendra à mieux regarder et à mieux aborder le monde dans un climat d’entraide plutôt que de compétition.

Nous ne sommes pas tous égaux face à ce défi et nous sommes tous bien différents. Nous portons tous une histoire en nous qui nous forme de manière unique. La situation inédite que nous traversons nous réapprend à mettre de côté nos statuts, nos préjugés et à mettre en avant l’humanité qui sommeille en nous. Nous formons à nous tous une et seule population qui fluctue en fonction de ses humeurs. Nous ne sommes qu’un par nos envies, nos différences. Nous sommes riches et nous recouvrons de richesse. Le destin nous remet sur le bon chemin. Oui, nous avons beau nous référer aux années passées, nous refaisons les mêmes erreurs que nos anciens. Comme des enfants, nous apprenons, nous ne savons pas où nous allons mais nous sommes des ambitieux et des rêveurs. Nous sommes capricieux et tel un enfant nous ne connaissons pas nos limites. Laissez votre enfant face à quelque chose dont il raffole comme par exemple des bonbons. Vous verrez que cet enfant en prendra jusqu’à ce qu’il n’y en ait plus assez pour en reprendre le lendemain. Cet enfant c’est nous. Comme lui, nous prenons sans limites les richesses que la vie nous donne. Nous nous resservons de ces bonbons au goût doux et fondant parfois chaud et terreux. Cette fraicheur sur nos papilles nous rend addicts.

Ce destin est comme un grand qui prend soin de son enfant, de son prochain. Je ne voudrais pas dire « adulte » car cela impliquerait que seuls les « adultes » comme on les a nommés pourraient raisonner l’enfant. Or, certains enfants ont cette capacité que certains « adultes » n’ont pas.

 

Nous réapprenons à prendre soin de ceux qui nous sont chers, et prenons le temps de faire le point sur notre vie. Nous profitons de chaque instant ce que notre quotidien pareil à un tourbillon ne nous permettait plus de faire.

Le fait d’être privée d’espace m’a fait mesurer le luxe dont je disposais avant le confinement. Ce qui me semblait banal devenait précieux. Ces espaces acquis aujourd’hui nous ont été ôtés. Combien vivent près de la mer et n’y vont jamais car le temps leur rampe au pieds ?  Combien regardent leur portable ou leur montre au lieu de lever les yeux vers ce ciel qui nous enlace ?  Depuis cette pause, ce ciel autrefois détail de votre vie, devient notre jardin à tous. Dans ses sauts d’humeurs, les nôtres changent également. On se reconnecte avec ce qui nous entoure réellement et non pas au wifi du moment. Cette mer interdite devient aujourd’hui une des 7merveilles du monde.

Cette pause nous fait prendre conscience que nous perdions goût aux saveurs naturelles de la vie, de l’envie, d’aider et de connaître les autres. Ce qui était détail est redevenu vital. Sortir, voir des amis nous rendrait bien plus heureux que de gagner de l’argent. Certains diront que si mais si vous avez de l’argent tout en étant enfermés, quel bonheur y trouverez-vous ? Vous ne pouvez pas partager votre bonheur avec ceux que vous aimez. La richesse, la vraie, est un mot que certains assimilent trop au papier qu’au sentiment. La richesse passe par les autres, ce qu’on en apprend, par ce qui nous entoure, l’expérience. Par les choses simples de la vie qui nous font voyager. Qu’est-ce que je fais durant ce confinement ? Je réponds à cette phrase en écoutant le sourd murmure du vent. Ce que je fais, les gens n’en ont que faire car au fond nous faisons tous des choses. Mais ce qu’on pense est un trésor de liberté qui ne demande qu’à être exprimé et changé par d’autres. Pendant ce confinement je ne fais rien. Dans ce rien se cache d’innombrables choses. Je regarde le ciel, je découvre de nouvelles activités, je passe du temps seule et avec ma famille, j’apprends à me prendre en mains, je déchiffre le ciel et compte les nuages. Mais ce genre d’activités de nos jours ont été classées dans « rien » car elles n’aident en rien à l’économie du pays. Elles ne pensent pas des pièces indispensables à ces engrenages dans lequel nous sommes tous emportés dès notre plus jeune âge. Je ne fais rien et ça me fait du bien. Je souhaite à tout le monde de rencontrer rien et son ami l’ennui.

 

Jeanne Rabaud (17 ans)

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