A terme…

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Le dernier Fontenay Mag (février 2019) consacre une fois de plus beaucoup d’espace à « l’ambitieux projet de renouveau des Paradis ». Ce quartier est décidément l’objet d’une d’attention soutenue de la part de la municipalité : de multiples réunions du quartier depuis 2015 et de très nombreux articles dans le Fontenay Mag. A noter également la création d’un Conseil de quartier, et la désignation d’un Maire Adjoint de quartier ; décisions tout à fait légales, mais qui sont une grandenouveauté à Fontenay.

Ces articles du Fontenay Mag s’adressent bien sûr à tous les Fontenaisiens. Mais les habitants du quartier seront certainement ravis de relire que « Hauts de Seine Habitat a signé une Charte l’engageant à reloger aux mêmes conditions financières ». Comme le déclarait déjà le Maire en réunion du quartier le 17 mai 2016 : « toutes les personnes qui souhaitent être relogées sur le quartier le seront dans les mêmes conditions financières pour un niveau de confort supérieur ». Sauf que dans la Charte évoquée ci-dessus, les choses sont beaucoup moins claires : son article 6-1 stipule que « le logement offert doit être situé sur le territoire de la même commune ou d’une commune limitrophe, sans pouvoir être éloigné de plus de 5km », et son article 6.3 que « le bailleur social s’est engagé à ce que tous les ménages qui le souhaitent puissent être relogés dans des logements neufs sur le quartier à terme ». A terme…

La page 32 du Fontenay Mag, qui fait de la publicité pourl’Office Hauts de Seine Habitat, pose une question de fond. Puisque l’Office est aussi puissant, pourquoi ne finance-t-il pas la rénovation sur ses fonds ? On comprend bien le souhait de vouloir moderniser des logements relativement anciens, mais l’Office aurait pu tout simplement réinvestir sur le site les loyers qu’il a perçus depuis 60 ans. Le schéma proposé va avoir comme effet de quasiment doubler la densité du quartier. En injectant il est vrai 600 logements privés… pour ‘améliorer’ la mixité sociale ?

L’article de la page 27, qui donne une vision de l’histoire du quartier est aussi très intéressant. En particulier, il inclut une photo du quartier vers 1950, qui montre au fond l’église des Blagis, et quelques pavillons installés sur un vaste terrain. Cette photo a dû fortement influencer le dessinateur qui a réalisé la couverture du Magazine. En effet, il esquisse un quartier très dense, avec les silhouettes des maisons des années 50. Par exemple, à côté de la Maison de quartier – qui visiblement subsiste dans le projet – on peut deviner un bâtiment qui ressemble étrangement à un des pavillons de la photo de 1950 ! Un lecteur peu attentif peut ainsi de façon subliminale rapprocher la maison des années 50 aux immeubles futurs, dont la hauteur, inconnue puisqu’aucune réponse n’a jamais été donnée à cette question, pourra aller jusqu’à R+7.

Dans la répétition des éléments de conviction déjà connus, une seule chose nouvelle ressort: la ZAC (Zone d’Aménagement Concerté) qui « va permettre de concrétiser la transformation du quartier… » a été mise en place par le Territoire Vallée Sud – Grand Paris le 29 janvier. Dommage que ces huit pages ne décrivent pas le montage qui va être mis en place. En fonction des éléments connus, il va être le suivant :Hauts de Seine Habitat vend à un aménageur, choisi par la ZAC, un morceau du terrain sur lequel est construit le quartierexistant. L’aménageur découpe le terrain en lots et les vend à des promoteurs. Ceux-ci assurent la destruction de l’existant, la construction des nouveaux bâtiments et leur commercialisation.

L’équilibre économique de « l’ambitieux projet de renouveau des Paradis » sera donc déterminé par la capacité des promoteurs à rentabiliser leurs opérations. Et pour eux, le seul paramètre d’ajustement, une fois le prix du terrain fixé par Hauts de Seine Habitat, et les prix de vente des appartements par le marché, c’est le nombre de logements à  vendre, c’est-à-dire la hauteur des bâtiments.

Ces 8 pages ne parlent pas non plus de la faisabilité de ce grand « renouveau ». En l’état actuel, il n’y a d’engagement des diverses parties prenantes que sur deux points, comme expliqué dans la Chartre :

1- démolition et reconstruction de l’immeuble sis 26 rue des Potiers (démolition de 14 logements, et constructionde 40 logements sociaux). Pas de permis de construire accordé à ce jour.
2- Lancement de la phase 1 du projet : démolition de 13 + 33 logements, construction de 75 logements sociaux et de 90 logements privés. Pas de permis de construire non plus accordé à ce jour.

Aucun engagement de l’Office Hauts de Seine Habitat sur la suite de l’opération.

L’équipe du Territoire issue des municipales de 2020, qui héritera de ce projet, devra rapidement le recadrer, et lui inventer une trajectoire à la fois équitable et crédible : un autre choix que doublement de la densité contre amélioration de l’habitat est certainement possible. Un vrai choix politique

Michel BAYET

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